Sexisme ! Qui porte plainte ?

 

Et si les femmes se comportaient comme des hommes, elles ne seraient pas considérées inférieures dit le sexisme des hommes que la différence des femmes gêne et qu'il n’assume pas. Et si les hommes se comportaient comme des femmes, ils ne seraient pas déviants, délinquants, violents, violeurs… dit le sexisme des femmes que la différence de l'homme gêne et qu'il n’assume pas... La seule différence entre ces deux sexismes est que le sexisme des hommes envers les femmes est aujourd’hui, heureusement, condamné, alors que le sexisme des femmes envers les hommes est devenu aujourd’hui, malheureusement, la norme et que l’on peut se permettre d’écrire que ce serait beaucoup mieux, « si les hommes se comportaient comme des femmes » (Lucile Peytavin), sans que personne ne porte plainte.


Qui a porté plainte ?


En n’assumant pas la différence des sexes, des hommes comme des femmes préfèrent rester dans l'utopie de l'unité de sexe (comme d'autres étaient dans l'utopie de l'unité de race ou de classe) et refusent de connaître la différence de l’autre et d’apprendre à gérer les deux en mettant des règles. La masculinité et la féminité (qui ne sont ni bonnes, ni mauvaises) n’étant pas gérées, les rapports entre les deux sexes deviennent très difficiles (comme dans la jungle) et ceci empêche femmes et hommes de devenir vraiment humains. Dommage !


 

 




Jean GABARD

Auteur de « Le néo-féminisme contre la famille », Les Editions de Paris Max Chaleil, Paris, 2023.

Conférencier relations femmes / hommes   éducation des enfants

jean.gabard@gmail.com

http://www.jeangabard.com

 


La propagande sexiste.

 

Le mot propagande et le mot idéologie rappellent des concepts d'un autre âge. Ces mots font penser au nazisme ou au communisme et sont connotés péjorativement. Aujourd'hui, avec le progrès de la démocratie, la tendance est plutôt de se sentir à l’abri de ces idées aussi extrêmes et de ces méthodes aussi grossières. Et pourtant, une idéologie n’est-elle pas plus efficace lorsqu’elle est subtile et que l’on a la conviction d’être suffisamment libre de penser pour n'en suivre aucune ? 

 

Aujourd'hui une croyance domine. Elle a séduit une très grande partie de la population des pays occidentaux. Il faut dire qu'elle bénéficie d'atouts importants. Dénonçant une idéologie sexiste rétrograde, elle ne peut que faire l'unanimité. Quand la devise de la République est « liberté, égalité, fraternité » et qu’est affirmé le principe de non-discrimination en raison du sexe, l’égalité femme-homme ne peut qu’être évidente. Quand le président de la république lui-même en fait l'objectif de son premier mandat et qu’est mis en place un ministère chargé de l'Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations ainsi qu’un Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes, celui qui la conteste fait figure de marginal, de sexiste, de réactionnaire, de « masculiniste ». Sa critique ne sera pas interdite mais rendue inaudible ! Comment, en effet, ne pas soutenir la lutte contre la construction sociale et les discriminations sexistes et celle pour l’égalité qui semblent inséparables ?

Cette idéologie s'impose très facilement en profitant de la confusion entre « égalité en dignité et en droits » inscrite dans la Constitution et la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et « égalité ». Beaucoup n'y voient qu'un raccourci alors que c'est bien l'égalité réelle qui est revendiquée. Les Etudes de genre qui voulaient dénoncer ce qui dans les inégalités venait de la construction sociale et des discriminations sexistes, affirment maintenant que toutes les différences (autres que physiques et biologiques) viennent de la construction sociale et des discriminations sexistes. Elles seraient donc injustes. On sait pourtant, depuis quelques années que ce postulat, dit scientifique comme si c’était une théorie, n'est pas valable ! On sait en effet maintenant que des différences biologiques entraînent aussi des motivations et des comportements différents chez les femmes et chez les hommes. De plus, si on ne fait pas preuve de mauvaise foi et que l’on pense à juste titre que l’éducation et la culture ont une influence sur l’avenir d’un petit enfant, on devrait aussi pouvoir admettre, même si on n’en a pas davantage la preuve, que le fait de naître d’une personne du même sexe avec un corps féminin qui pourra mettre un enfant au monde, ou avec un corps masculin d’une personne de l’autre sexe, peut en avoir au moins autant, même et surtout si ces mémorisations, qui n’ont aucun rapport avec la culture, sont davantage enfouies dans l’inconscient. L’idéologie dominante le sait ou devrait le savoir mais, par intérêt pour la cause, persiste à faire croire qu’il y a « égalité femmes-hommes ».

 

L’idéologie patriarcale traditionnelle a des difficultés à assumer la différence femmes-hommes qui, comme toute différence, insécurise et fait poser des questions. Pour se rassurer sur leur identité, des hommes, depuis des siècles, croient trouver la solution en infériorisant les femmes. Aujourd’hui, en réaction, la nouvelle idéologie dominante, déniant l’altérité, juge en retard[1], malades[2] et mal éduqués, les individus hommes qui ne se comportent pas comme la femme. En considérant que leur éducation est la seule cause de la différence, cette utopie croit éviter, par ce procédé pervers, l’accusation de sexisme. La spécificité des hommes (que l’idéologie patriarcale n’a souvent fait que grossir et très grossièrement) n’est pourtant, parce que déniée, jamais respectée.

 

Alors que le projet était d’éradiquer le sexisme des hommes envers les femmes, la dénégation de la différence des sexes a abouti à un nouveau sexisme envers les hommes. Le premier est aujourd’hui, très justement condamné, alors que le second, pratiqué par l’idéologie dominante, sans le reconnaître, est entré dans la norme. Ce sexisme se répand discrètement par la seule propagande autorisée en entraînant avec lui des mesures contraires aux intérêts de l’humain (femmes et hommes). Il favorise la « guerre des sexes » alors que la voie qui consiste à prendre vraiment connaissance des dissemblances, à apprendre à les assumer et à les gérer ensemble, est peut-être difficile mais possible et souhaitable !

 

Jean GABARD

 

Conférencier et auteur de :

« Le féminisme et ses dérives – Du mâle dominant au père contesté », Les Editions de Paris Max Chaleil, Paris 2006, réédité en 2011 avec le sous-titre « Rendre un père à l’enfant-roi » 

« Materner ou éduquer – Refonder l’école », Les Editions de Paris Max Chaleil, 2016.

« Le néo-féminisme contre la famille », Les Editions de Paris Max Chaleil, 2023

 

 


 
[1] Ivan Jablonka : Ce n’est plus aux femmes de se remettre en cause, (…) C’est aux hommes de rattraper leur retard sur la marche du monde.

les femmes semblent « objectivement » supérieures aux hommes

Au XXe siècle, le féminisme consistait à vivre « comme les hommes » ; un jour, il aidera les hommes à vivre « comme les femmes » Ivan Jablonka, Des hommes justes - Du patriarcat aux nouvelles masculinités, Seuil, 2019.


[2] Elisabeth Badinter intitule l’introduction de la deuxième partie de son livre « XY de l’identité masculine » (Odile Jacob, 1992) : « Vers la guérison de l’homme malade. »

 



Du féminisme au masculinisme

 

La « révolution féministe » a voulu éradiquer l’autoritarisme, le sexisme et la violence. Elle a permis aux femmes d’accéder à de nombreux droits et les luttes continuent pour faire appliquer les lois et les compléter en s’attaquant au patriarcat encore trop présent dans la société.

Une grande majorité de la population a adhéré à ce beau projet et pourtant depuis quelques années on assiste à une montée des mouvements réactionnaires, sexistes, « masculinistes ». On parle de backlash ! Les luttes féministes ne seraient-elles pas aller assez loin ou auraient-elles failli ?

 

La route est encore longue pour que l’égalité en dignité et en droits soit respectée et pour que le sexisme s’estompe enfin. Il se peut cependant que l’urgence d’arrêter les violences sexistes ait fait confondre vitesse et précipitation et entraîné une sortie de route. Par simplification ou par conviction, le respect de l’égalité en dignité et en droits inscrite dans la Constitution est supplanté par la revendication d’une égalité femmes-hommes pourtant impossible (impossible parce que l’on a maintenant la preuve que les différences femmes-hommes ne sont pas dues qu’à la construction sociale sexiste). Cette utopie, venant de notre difficulté à accepter les différences qui gênent et font poser des questions, se transforme pourtant en croyance, aux conséquences très dommageables.

 

Depuis des siècles, des hommes qui n’assument pas la différence des sexes, font de la différence de comportement des femmes, une infériorité, et aujourd’hui, des féministes égalitaristes qui dénient aussi la différence des sexes font de la différence de comportement des hommes un défaut qui ne serait que le résultat de leur mauvaise éducation dont ils seraient responsables. Ils ne sont pas jugés inférieurs (ce ne serait pas politiquement correct), mais malades[1], en retard[2], mal éduqués, s’ils ne réagissent pas comme les femmes qui seraient la référence[3].

 

La différence des sexes n’est toujours pas assumée. Au sexisme des hommes envers les femmes, interdit et condamné, on ajoute le sexisme des femmes envers les hommes, qui devient la norme !

 

La différence des sexes et notamment celle découlant de la différence de structuration du psychisme (indépendante de la culture), n’est que très peu étudiée et très peu connue puisque déniée. Elle n’est pas prise en compte dans les rapports entre des femmes et des hommes persuadés que leur bien-être consiste à rester naturels et spontanés, alors que sans gestion des différences, sans règles du jeu, ils ne peuvent que récolter les malentendus, les crises, les violences. Des hommes, particulièrement, qui ne comprennent pas pourquoi leurs comportements ne satisfont pas les demandes des femmes, culpabilisent, se sentent humiliés et ruminent leur colère.

 

La dénégation de la différence des sexes a d’autres conséquences encore plus graves. Elle a fait croire que l’autorité parentale partagée rendait caduque le jeu des fonctions symboliques de mère et de père dans l’éducation des enfants. Confondues aux rôles sociaux sexistes, plus personne ne veut les jouer. Elles sont d’autant plus oubliées que les nouveaux « papas » sont beaucoup plus présents et performants dans les domaines imaginaire et affectif nettement plus agréables.

Ces hommes à qui la femme ne donne pas la fonction symbolique de père, subissent cependant la concurrence « déloyale » de leur compagne à la féminité idéalisée et qui perçue toute-puissante par le petit enfant, peut avoir tendance à devenir omnipotente. Ces nouveaux « papas » prennent ainsi le risque de se voir éjecter quand, « seconde mamans » moins performantes et subalternes, ils peuvent être jugés non indispensables, quand ce n’est pas gênants. Encore une fois humiliés et parfois éloignés de leurs enfants, ils peuvent alors rejoindre le camp des séparés, en guerre contre les femmes.

 

Dans la famille, quand l’homme n’est plus présent ou pas écouté, c’est la maman qui fixe les limites. Elle croit remplir sa tâche éducative parfaitement alors que le petit enfant obéit souvent, non pas pour respecter la règle posée, mais seulement pour lui faire plaisir et ne pas la perdre. Cette éducation maternante dite « positive » donne depuis « La Révolte contre le père » des années 1960, des enfants-rois « hors la loi » (dans le sens où ils ne l’ont pas intégrée) sans repère, incapables d’assumer la frustration, difficiles à instruire. A la fin de l’adolescence, quand ils éprouvent le besoin de se séparer de maman, des garçons se retrouvent sans modèle de père valable à imiter. Ayant alors la nécessité de se trouver une identité d’homme et n’ayant jamais été confrontés aux difficultés qu’on a pris soin de leur éviter, ils peuvent inventer des jeux pour se mettre à l’épreuve et qui, pour prouver une virilité incertaine, deviennent parfois très dangereux. Ils peuvent aussi s’inventer un modèle d’homme, forcément contraire à la femme, que sans base solide, ils ne peuvent que caricaturer. Il en sortira un macho, un chef de gang, un gourou, un nazi*, un chef intégriste … Des filles, quand elles ne trouvent pas de garçons capables de leur résister, sont contentes de les suivre. D’autres, sombrent dans la dépression, la boulimie, l’anorexie …

 

Alors qu’avec le progrès de la démocratie on pouvait espérer des rapports femmes-hommes apaisés, on a créé deux camps rivaux qui ne savent pas vivre ensemble. C’est ainsi que, si certains hommes, culpabilisant plus ou moins, prennent le parti des femmes, d’autres se sentant humiliés se regroupent pour se défendre et se trouvent de nouvelles « raisons » de dénigrer les femmes et de vouloir revenir en arrière.

 

La guerre déclarée, le dialogue devient impossible et des deux côtés tous les moyens sont bons pour abattre son ennemi. Au radicalisme de néo-féminismes répond l’extrémisme de masculinistes. Les deux s’entretiennent. Où mèneront-ils si la différence des sexes qui ne peut pourtant qu’enrichir l’humain en l’obligeant à être encore plus humain, n’est pas assumée ? 

 

 

 

*Dans les années d’après Première Guerre Mondiale, de jeunes Allemands aux pères humiliés (par la Révolution Industrielle, par la défaite, par le Diktat, par le chômage, par l’inflation, par la difficulté à retrouver leur place à la maison) vont trouver un substitut de père chez le nazi.

 

Jean GABARD

Auteur de 3 essais aux Editions de Paris Max Chaleil, Paris.

« Le féminisme et ses dérives - Du mâle dominant au père contesté », 2006 réédité en 2011 avec le sous-titre : »- Rendre un père à l’enfant-roi »

« Materner ou éduquer – Refonder l’école », 2016

« Le néo-féminisme contre la famille », 2023

Conférencier

relations femmes / hommes   éducation des enfants

jean.gabard@gmail.com

http://www.jeangabard.com


 
[1] « Vers la guérison de l’homme malade » Elisabeth Badinter, X Y De l’identité masculine, Odile Jacob, 1992.

[2] « Ce n’est plus aux femmes de se remettre en cause, (…) C’est aux hommes de rattraper leur retard sur la marche du monde. » « Au XXe siècle, le féminisme consistait à vivre « comme les hommes » ; un jour, il aidera les hommes à vivre « comme les femmes » Ivan Jablonka, Des hommes justes. Du Patriarcat Aux Nouvelles Masculinités, Le Seuil, 2019. 

[3] Lucile Peytavin «Le coût de la virilité Ce que la France économiserait si les hommes se comportaient comme les femmes » Anne Carriere Eds

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